Ou les aventures d’un père au foyer.

Avec l’arrivée de notre troisième enfant c’est posé une question. Celle du mode de garde

N’ayant pas de crèche fixe à proximité, nous avons écarté d’emblée cette option.

Faire appel à une nourrice ? Au vu des tarifs appliqués par chez nous, cela revenait à faire passer les deux tiers de mon salaire en garde d’enfants.

Pour le congé parental c’est l’inverse qui se produit. Je me retrouve avec une allocation équivalente à un quart de mon salaire. Aie !!

En fait on en arrive à être contraint de travailler pour financer les frais de garde de nos enfants. Plutôt ubuesque comme situation ? Non ?

La décision ultime. Quitter mon emploi.

Et c’est vers cette solution que nous nous sommes dirigés.

Grace à une rupture conventionnelle je peux bénéficier des allocations chômages ; ce qui retire un sacré stress niveau finances et cela nous laisse aussi un temps pour voir la faisabilité de la chose sans renoncer d’enter de jeu à un salaire.

Maintenant commence un nouveau rythme. Il s’agit de trouver une nouvelle routine et de s’y tenir.

Au-delà de ça, c’est tout un changement de philosophie qui s’annonce. Comment survivre à la fin de mon statut social. Qu’est ce je vais faire de tout ce temps libre qui s’annonce (j’en entend qui hurle déjà…) plus sérieusement c’est le statut de père au foyer qui m’attend avec son cortège de question et de préjugés.

J’ai commencé à faire des recherches sur le net et là, c’est quasiment le désert. L’article pertinent le plus récent que j’ai trouvé sur le sujet date déjà d’un an. Quelques témoignages, très peu de chiffres et somme toute le livre le plus vendu sur le sujet raconte l’histoire d’une expérience de deux ans. C’est dire si le sujet est peu évoqué. Ça sent la grosse sortie de zone pour moi.

L’expérience de « papa à la maison » se traduit souvent par la prise de congé parental. Donc on part déjà sur une expérience qui se doit d’être provisoire et quand je lis tout ce que je trouve sur le sujet j’aperçois en filigrane cet aspect temporaire ; comme s’il était de toute manière inconcevable pour un homme de rester au foyer de manière pérenne.

Une bonne moitié de l’humanité a pourtant fait ça pendant des générations et a survécu (pour la plupart). Les femmes possèdent elles un super pouvoir ? Suis-je par nature incapable d’assumer cette tâche ou bien tout ça n’est que culturel ?

D’une manière surprenante mon entourage prend assez bien la chose. Je n’ai pas encore été confronté aux remarques du type « ah ! tu vas jouer la femme ! » et aux gentillesses du même acabit et pourtant je sens déjà une pression s’exercer sur moi et de manière surprenante elle vient de là ou je m’y attendais le moins. De moi-même et de ma femme.

Un tel changement va redéfinir complètement les rôles de chacun et je me rends compte à quel point nos préjugé en la matière sont tenaces.

Même si la décision de quitter mon emploi a été prise de façon conjointe c’est quand même moi qui ai signé le papier et même si je me suis senti libéré sur l’instant je suis ensuite passé par une grosse période de doute. J’allais rester enfermé à la maison, ma vie rythmée par l’école ainsi que les couches et biberon du petit dernier. Exit ma vie sociale et fini les afterworks avec les collègues. Wow !! vu comme ça. Ça commence déjà à piquer et je repense déjà à repartir au boulot alors que ma femme n’a pas encore terminé son congé maternité.

De son coté mon épouse, dans un esprit bienveillant, s’est mise à la recherche d’une femme de ménage. Personnellement j’ai pris ça comme l’aveu d’un manque total de confiance sur mes capacités à tenir la maison (je crois aussi qu’elle a peur de ce changement et que c’est sa manière de garder le contrôle sur les choses).

Maintenant que le tableau est posé il est temps de reprendre tout ça point par point et d’analyse cette situation pour nous permettre à chacun d’investir nos nouveaux costumes.

Vais-je passer mes journées en survêtement ?

Une grosse partie du boulot d’acceptation passant par l’image de soi, Il me semble que le soin qu’on apporte à sa personne est au moins aussi important que celui qu’on apporte à sa progéniture. Donc exit la jellaba ou le vieux survêt. Je suis au foyer ok mais je ne vais pas me laisser aller pour autant, et puis juste par respect pour ma femme, je crois qu’elle préfèrera un mari apprêté a son retour du travail plutôt qu’un ermite avec une serpillère sur l’épaule sentant le graillon et le lait caillé.

Bricolage versus repassage ?

Un aspect inattendu. C’est cette idée que maintenant que je suis à la maison je vais pouvoir bricoler en semaine. Le tout c’est de conjuguer ça avec l’entretien de la maison et la présence d’un bibou.

Donc pas de travaux bruyants pendant la sieste et cantonner le bricolage le matin pour avoir le temps de nettoyer et préparer l’accueil de la famille l’après-midi.

Comment je vais me définir ?

Il est clair que mon image de « mâle dominant » (pour autant que je ne l’ai jamais eu) va en prendre un coup. Mes échanges sociaux vont forcement consister essentiellement en des échanges avec les mères au foyer et les assistantes maternelles qui emmènent les enfants à l’école. En même temps je crois que je n’ai jamais discuté avec autant de femme à la fois. Ce qui donne lieu par moment à des situations assez improbables quand la conversation dérive sur un sujet exclusivement féminin et que vous êtes le seul homme du groupe. Cela dit je trouve ça hyper enrichissant et ma nouvelle situation me donne un petit côté décalé et original qui intrigue. Et ce n’est pas pour me déplaire.

Je pensais par contre en avoir fini avec tout l’aspect « performance » de mon ancien emploi.

grave erreur !

Le quotidien est un abîme de planification dans lequel je viens à peine de plonger le gros orteil et là, ça va être une grande aventure. Gestion des courses, rendez vous médicaux, planifications des repas, tenue des comptes, j’en rajoute ? j’ai déjà un début de migraine rien que d’y penser. Si je sors vivant de cette expérience je monte mon entreprise. À côté de ça ce sera du gâteau.

Comment ma femme va vivre ça ?

L’inversion des rôles implique forcement une autre partie : ma conjointe.

Depuis quinze ans que nous vivons ensembles les rôles étaient définis de manière « traditionnelle ». Elle s’occupait de tout et je tâchais de lui donner un coup de main de temps à autre pour ne pas me sentir trop coupable. Même si la répartition des tâches était planifiée (je les fais, elle les nettoie). Ce volume d’action a planifié et effectuer lui donne une sensation d’être indispensable à la bonne tenue du foyer et il va falloir que je prenne ça en charge.

Ce système d’organisation, au-delà de son côté déséquilibré, a un effet pervers. En voulant prendre en charge les tâches qui lui étaient allouées je la dépossède de la sensation de contrôle qu’elle avait sur cet aspect de notre vie. (Pff !! rendez service qu’il disait !) elle va être obligé de déléguer et de plus, à la personne qui en faisait le moins à la maison. Vous imaginez la pression ? Ça va être un des gros chantiers de la refonte de notre organisation familiale.

Éviter qu’elle se sente coupable et qu’elle surcompense, lui faire admettre que les choses peuvent être faites d’une autre manière que la sienne. Et lui prouver que je suis capable tout en lui montrant que j’ai toujours besoin d’elle. Vous imaginez la gymnastique.

Notre couple ?

L’échange de nos statuts respectifs va sans aucun doute apporter de la nouveauté. Ça va être l’occasion de redécouvrir l’autre sous un autre jour et renforcer encore plus notre complicité. Cela ne se fera sûrement pas sans heurt, du fait des raisons que j’ai citées plus haut mais comme nous sommes dans la moyenne niveau intelligence nous devrions nous en sortir. Je vais apprendre à cuisiner car les saucisses purée ça va cinq minutes. Et j’espère qu’elle saura aussi profiter de moment après le travail sans se sentir obligée de rentrer a toute allure pour préparer le diner.

Qu’en sera-t-il de la communication entre nous ? va-t-elle me laisser prendre les rênes du ménage ? Vais-je réussir à m’en saisir ? J’ai mille et un défi a relever et plus j’écris plus je me sens fébrile et excité à l’idée de commencer.

C’est une grande aventure qui s’annonce. Ma femme reprend le travail dans un mois et on va rentrer dans le vif du sujet. Je crois que je tiens des dizaines de sujet d’articles pour les semaines et les mois qui viennent. Organisation, cuisine, gestion du temps, apprendre à ne pas s’oublier dans tout ça et j’en passe.

Si vous vivez une expérience similaire et /ou si vous avez des conseils et astuces partagez-nous ça en commentaire ; vous n’imaginez pas le service que vous me rendrez

J’ouvre aussi un groupe de discussion sur le sujet. Rejoignez-nous pour échanger, se soutenir et se donner de bons conseils.

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